Internet nous a d’abord rendus euphoriques: «Le village global, enfin!» Aujourd’hui, internet nous déprime: «Que des mensonges, de la haine et du contrôle!». Et si internet était surtout le fruit de luttes sociales bien concrètes? Les potentialités bénéfiques du réseau sont réelles, mais ne sont aucunement acquises. C’est par des batailles politiques que nous pourrons tirer le meilleur d’internet et éviter le pire. Ce cours a pour objectif de présenter quelques-unes de ces batailles.
Pas étonnant qu’internet semble apporter à la fois le meilleur et le pire lorsqu’on regarde ses origines: le réseau a été façonné par des militaires, des hippies, des hackers, des entrepreneurs… Ce premier cours permettra de présenter ces multiples sources en trois vagues: militaro-universitaire, militante et capitaliste. On verra ainsi que la mise en forme actuelle d’internet est liée à l’influence d’acteurs bien concrets.
La culture et le journalisme sont en crise. La numérisation des créations et leur partage massif ont bouleversé ces milieux et précarisé leurs acteurs, tandis que des géants tels Facebook et Google ont accaparé les possibilités de collaboration, la disponibilité des internautes et les revenus publicitaires. Comment sortir de cette situation?
Avec les médias sociaux, les frontières entre émetteurs et récepteurs, ainsi qu’entre vie privée et vie publique, s’embrouillent. Cela bénéficie à des mouvements sociaux (pensons à Black Lives Matter et #MoiAussi) et à des sources journalistiques aux possibilités décuplées, mais aussi à des forces intolérantes et haineuses. Comment travailler à ce que ces espaces d’expression bénéficient véritablement aux voix marginalisées?
Plus internet s’intègre à notre quotidien, plus nous laissons des traces qui peuvent être collectées massivement, et ce, tant par des États que par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), qui s’invitent maintenant dans nos maisons avec les «objets connectés». Cela donne lieu à des possibilités de contrôle social très préoccupantes. Mais si on n’a rien à cacher, on n’a pas à s’inquiéter, n’est-ce pas?
Le mot hacker évoque souvent le désir malveillant de percer un système pour y voler des informations. Pourtant, des «hacktivistes» travaillent aussi à mobiliser l’informatique et internet à des fins de démocratisation de la société, notamment en Islande et au sein de mairies rebelles espagnoles et catalanes. Qu’est-ce que cette utopie hacker et ce projet d’internet libre? Quelles sont les limites à dépasser pour ces mouvements?