Quand on pense à l’anarchisme, on pense généralement ce à quoi il s’oppose: contre le capitalisme, contre l’État, contre la propriété privée, contre le patriarcat, contre l’impérialisme… Comme s’il n’était qu’un bloc unifié et monolithique de refus. Pourtant, dans l’économie comme dans le reste des aspects de la société, l’anarchisme y va de propositions bien concrètes et diversifiées. Ce cours fera un tour d’horizon général des principales tendances théories et pratiques anarchistes en ce qui a trait à l’économie.
Pierre-Joseph Proudhon a fondé le courant de pensée anarchiste en formulant une critique sévère de la propriété privée. Pour lui, « la propriété, c’est le vol! » Pourtant, il n’en propose pas l’abolition, allant même aussi jusqu’à dire que « la propriété, c’est la liberté. » En voyant ce qu’il entendait par « vol », on pourra comprendre sa position sur la propriété et, de là, l’ensemble de sa proposition pour une économie de marché anarchiste, le mutuellisme. La séance se terminera par la présentation des liens entre le mutuellisme et la pensée libertarienne, le soi-disant « anarcho »-capitalisme.
Au plan économique, Michel Bakounine suit les pas de son mentor Proudhon, mais s’oppose quant à lui à la propriété privée des moyens de production. Il nomme sa position le « collectivisme », qu’il oppose au communisme de Karl Marx. Seront ensuite présenté l’anarcho-syndicalisme et son accomplissement le plus généralisé, la Révolution espagnole, qui ont grandement été influencés par la pensée de Bakounine.
On verra que le communisme a été présent au sein de la pensée anarchiste dès ses débuts, parmi les adversaires libertaires de Proudhon ou les camarades de Bakounine, mais que c’est Pierre Kropotkine qui va le « réhabiliter » et le théoriser. La relation entre le communisme anarchiste et le marxisme sera présentée avant de boucler l’ensemble des débats internes entre les trois grandes tendances économiques de l’anarchisme (mutuellisme, collectivisme et communisme) et les conclusions qui lui ont été proposées: la synthèse anarchiste de Voline et l’anarchisme « sans qualificatif » de Voltairine de Cleyre. Dans tous les cas, on peut constater que l’économie n’est toujours conçue par l’anarchisme que comme une partie du social qui ne peut en être séparée.
Les années 1980 ont marqué la déconfiture et le discrédit de la gauche radicale. Pourtant, elle réémerge au tournant du XXIe siècle dans le cadre du mouvement altermondialiste; l’anarchisme, éclipsé lors de la Deuxième guerre mondiale, revient sur l’avant-scène. De nouveaux défis se posent de manière pressante: le positivisme, le scientisme, l’industrialisation, quand ce n’est pas carrément la civilisation, sont remis en question à l’aune de la crise environnementale, dans un monde que l’humanité a acquis les moyens de détruire. Tour d’horizon des idées contemporaines en économie anarchiste: participalisme, écologie sociale, décroissance et primitivisme.