Le Canada s’apprête à ratifier les accords de libre-échange les plus importants de son histoire, notamment avec l’Union européenne (AECG) et avec 11 pays de la zone du Pacifique (PTP). Ces ententes aux ramifications tentaculaires transformeront l’économie — et donc notre vie quotidienne. Pourtant, elles demeurent très mal connues. Dans le cadre de ce cours de l’UPop Montréal, Claude Vaillancourt fait la lumière sur le libre-échange en général et sur ces traités en particulier.
Les accords de libre-échange sont nombreux, mais reprennent invariablement les mêmes grands principes. Tout aussi secrets les uns que les autres, ils touchent le plus grand nombre de secteurs possible, s’attaquent à la «discrimination», établissent une justice favorable aux entreprises et sont difficilement réversibles. Dans l’ensemble, ils favorisent l’expansion des très grandes entreprises tout en accroissant les inégalités.
Le libre-échange est apparu au XIXe siècle. Mais c’est à partir des lendemains de la Seconde Guerre mondiale qu’on cherche à le développer en l’appuyant sur de vastes accords commerciaux. Ceux-ci foisonnent surtout depuis les années 1990. Une première génération apparaît, avec le GATT, l’ALENA et l’OMC. Puis une seconde, encore plus ambitieuse, d’accords non encore ratifiés, tels l’AECG (entre le Canada et l’Union européenne), le Partenariat transpacifique (PTP) et l’Accord sur le commerce des services (ACS).
Le libre-échange est incompatible avec une bonne protection de l’environnement. D’abord parce que leurs tribunaux d’arbitrage permettent aux entreprises de défier les lois environnementales adoptées par les gouvernements. La majorité des poursuites concernent cette réglementation. Mais aussi parce que le libre-échange favorise l’utilisation de circuits de distribution longs, dont la conséquence est une grande consommation d’énergie fossile. Il devient alors nécessaire de repenser le commerce international en fonction d’une meilleure protection de l’environnement, ce qui est impossible dans le cadre actuel des accords de libre-échange.
Contrairement à ce que disent nos gouvernements, il existe de nombreuses solutions au libre-échange autres que la fermeture des frontières: par exemple le développement de bons services publics, une économie plus solidaire, l’imposition de normes de travail élevées, l’obligation de protéger efficacement l’environnement. D’importantes batailles ont été gagnées contre le libre-échange. D’autres sont en cours contre l’AECG, le PTP et l’ACS.